Toma Nikiforov à l'Euro de judo : "J'ai reçu plus de réactions avec la téléréalité qu’avec le judo, hélas…"
Le Bruxellois, 31 ans, est l’aîné de la délégation belge qui est engagée aux championnats d’Europe cette semaine, à Zagreb.
- Publié le 24-04-2024 à 08h56
Toma Nikiforov était heureux et… pressé de terminer l’entraînement samedi dernier, à Wilrijk. Et pour cause : le Bruxellois achevait une longue préparation en vue des championnats d’Europe cette semaine, à Zagreb. Et surtout… “Je ne veux pas manquer la fancy-fair de ma fille, Azalia. C’est la première !”
Il est vrai qu’entre les compétitions et les stages à l’étranger, Toma ne fut pas souvent à la maison ces derniers mois. Avec Paris, Bakou, Tachkent et Antalya, à peine était-il rentré qu’il était déjà reparti ! De quoi perturber sa petite, qu’il chérit plus que tout au monde (et qui aura bientôt une petite sœur…).
”Quand je lui dis que je pars au judo, elle change immédiatement de sujet pour marquer son mécontentement. Je la comprends… Mais, quand je suis là, nous passons beaucoup de temps ensemble, à finir par tomber de fatigue, l’un comme l’autre.”
Cet équilibre, notre double champion d’Europe (2018, 2021) en a besoin, surtout en cette période intense avec l’Euro mais aussi le Mondial mi-mai, à Abou Dhabi et, bien sûr, les Jeux, pour lesquels il est, à ce jour, qualifié. “Croyez-moi, j’y serai… Et, si je décroche une médaille à Paris le 1er août, j’arrête le 2 !”, affirme celui qui a remporté récemment l’émission de téléréalité “Les Traîtres”, sur RTL-TVI, enregistrée en septembre dernier.
Toma, vous êtes devenu une star de télévision !
”Euh… Une star de téléréalité alors… En tout cas, j’ai été beaucoup sollicité ces derniers jours. En fait, j’ai été contacté via les réseaux sociaux par la maison de production de l’émission. Au début, je pensais que c’était une blague et j’ai supprimé le message parce qu’il y a souvent des faux profils. Puis, on m’a recontacté par téléphone. J’ai réfléchi. Je me suis renseigné sur l’émission avant de donner mon feu vert. J’en ai parlé avec mes entraîneurs et ils ont marqué leur accord parce que c’était une période assez libre et que le tournage durait maximum une semaine en cas de finale. Ça m’a beaucoup plu parce que j’ai gagné. Ça aide toujours… J’ai reçu énormément de réactions, notamment de proches qui m’ont dit que j’étais moi-même à la télé, plus qu’avec le judo, malheureusement. Je dis ça parce que cette semaine de tournage, on l’aura oubliée dans six mois alors que mes résultats me marquent à vie. Être champion d’Europe, c’est beaucoup plus rare ! Récemment, j’ai rencontré un gars qui m’a dit qu’il était fan de sport et il ne me connaissait même pas. Vous imaginez comment je l’ai pris. Mais c’est le reflet de la faible médiatisation du judo, même si c’est un peu mieux.”
Revenons quand même au judo. Comment se présente l'Euro ?
”Écoutez, bien ! Je l’aborde sans blessure; en tout cas. Il y a toujours un bobo mais rien de grave. Ce fut une longue préparation au cours de laquelle je me suis beaucoup entraîné. J’ai été en Turquie, en Hongrie et j’ai terminé à Wilrijk, comme d’habitude. Avant ça, j’avais été au Japon avec seulement Matthias Casse et notre coach, Mark Van der Ham. C’est lui qui le voulait parce que c’est un judo assez “propre” avec de la concurrence mais sans risque de blessure. On se retrouvait avec une centaine de judokas sur le tatami. La plupart ne nous connaissait pas… Et on s’entraînait deux fois par jour. Une séance de judo et une autre activité comme la course ou la muscu.”
"Si je décroche une médaille aux Jeux de Paris, j’arrête !"
Inutile de vous demander quel est votre objectif…
”C’est la question-bateau. Mais ce rendez-vous européen est un peu bizarre parce que, dans un mois, il y a un Mondial. Entre les deux, un Grand Chelem puisque je suis inscrit la semaine prochaine, au Tadjikistan. Tout ça avec les Jeux dans trois mois ! Je pense que le judo est le seul sport olympique avec autant d’échéances importantes en aussi peu de temps. Il est impossible d’être au top de sa forme à l’Euro, au Mondial, aux Jeux et encore dans un Grand Chelem. C’est très délicat à gérer, à la fois physiquement et mentalement. Il y a beaucoup de blessés un peu partout. Mais l’objectif principal, ce sont les JO, bien sûr !”
Est-ce la raison de l’absence de Matthias Casse à Zagreb ?
”Mais oui ! Déjà, Matthias, il a assez de points pour les Jeux de Los Angeles… (rire). Et puis, il n’est pas à 100 %. Il ne sert à rien de prendre des risques et, surtout, de se montrer parce que c’est l’un des judokas les plus observés au monde !”
Avez-vous besoin de points pour la qualification olympique ?
”Oui… Ce serait vraiment dramatique de ne pas être qualifié. Mais j’y serai ! Je mettrai tout en œuvre non seulement pour y être mais aussi pour décrocher la seule médaille qui manque à mon palmarès. Je le répète : si je décroche une médaille aux Jeux de Paris, j’arrête ma carrière ! Avec Karmen, nous attendons un deuxième bébé, encore une fille. Et il faudra assumer à tous points de vue.”